mardi 1 mai 2012

Les critiques du mois n°1 (Rush Hour, Poulet aux prunes)

Nous avons pour projet, avec plusieurs amis, de créer d'ici peu un site de critique. Je me suis donc récemment lancé dans cette tache délicate qu'est la critique de films, et j'ai décidé de vous faire partager ces dernières chaque mois ici même. C'est l'occasion d'échanger différents point de vu sur certaine œuvres cinématographiques, n'hésitez donc pas à me faire part de vos avis. Ce mois si, ce seront Rush Hour ainsi que Poulet aux prunes qui seront à l'honneur.


 Rush Hour

Réalisé par Brett Ratner. Avec Jackie Chan et Chris Tucker. (1998)


Rush Hour est une succession de scènes d'action pleines de cascades, et de blagues pas toujours drôles. Si le scénario n'a déjà rien d’exceptionnel, on trouve difficilement des éléments capables de compenser l'inefficacité de ce dernier. On assiste à un mélange entre la recette des films policiers américains les plus classiques, et celle des films d'art martiaux Chinois.

Les deux personnages principaux n'ont rien d'original, entre le policer black incontrôlable mais sympathique (déjà vu mille fois), et son conjoint chinois, lui beaucoup plus calme et réfléchis, on a une forte impression de déjà vu.
Les personnages secondaires ne sont pas mieux pensés : Les gars du FBI con comme des pieds, qui refusent évidement de faire confiance aux deux héros et se permettent même de les empêcher d'agir (de stupides faire-valoir) , les méchants qui sont juste... des méchants, et les collègues de notre ami James Carter qui semble presque être payés uniquement pour se moquer de lui à longueur de journées. Des protagonistes vides qui se résument donc en une seule ligne, et qui se place tout juste derrière ceux de Louis la brocante dans le classement des personnalités fictives les plus inventives.

La mise en scène est elle aussi bien classique. Brett Ratner semble avoir la technique, mais pas le style. L'absence de personnalité dans sa réalisation vient participer à la forte impression de déjà vu que nous donne Rush Hour. On alterne courses poursuites pleine de cascades, et combats plein de cascades, avec peu de temps pour vraiment pouvoir respirer. Si les acrobaties très impressionnantes de Jackie Chan peuvent sûrement ravir les amateurs, leur très forte présence tout le long du film les banalise et en font rapidement quelque chose de profondément ennuyant. Elle peuvent tout de même constituer un agréable fond sonores durant vos plus folles partis de scrabble.

Rush Hour a aussi quelques qualités, mais elles sont insuffisantes pour compenser l'ensemble de ses défauts. La bande son est par exemple un succès puisque elle correspond parfaitement à l'ambiance du film. On a des titres de qualités, avec les Beach boys et Edwin Starr, en passant par Jay-z, Michael Jackson, et James Brown. Les décores viennent servir une ambiance multiculturelle très réussie, avec du très beau travail sur certains lieux. Et enfin, certaines blagues que nous donne le duo de héros antagonistes peuvent tout de même faire sourire, notamment grâce à un jeu d'acteur bon dans l'ensemble.

Rush Hour fait donc partie de ce genre de film qu'il ne faut regarder qu'avec un accompagnement d'activités conséquent, pour ne pas remarquer la fadeur du scénario et la répétitivité des situations, en se concentrant ainsi sur ses quelques qualités.


 Poulet aux prunes 

Réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. Avec Mathieu Amalric (2011)


Poulet aux prunes est un petit ovni, un film d'un genre unique. Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud réussissent une adaptation très réussite de la BD du même nom (elle même de Marjane Satrapi, récompensée au festival d’Angoulême en 2005). Ce long métrage est d'une beauté rare,
très touchant, parfois triste, parfois drôle.

Sa narration est construite comme un puzzle au quel des pièces s'ajoutent progressivement. On comprend en même temps que l'histoire avance, de plus en plus d'éléments, et notre vision des personnages évolue sans cesse. Le fait que l'on apprenne tant d'éléments sur la vie de Nasser-Ali, brillamment interprété par Mathieu Amalric, lui donne une très grande complexité. Les seconds rôles sont eux aussi très bien pensés, très bien joués, et ils nous apportent tous leur part d'émotions.

Visuellement, le film se situe entre le cinéma et la bande dessiné. La présence de passages animées, et de manière plus générale la direction artistique du titre avec ses décors et ses costumes, nous apprennent à voyager d'une manière très différente de ce dont on a l'habitude. Les musiques, avec de très beaux airs de violon, et les interventions d'une voix off ne viennent que renforcer ce voyage aux airs de contes.

Mais la recette du poulet aux prunes n'est pas sans défauts : avec sa très grande variété de style graphiques, il est également très indigeste. Il faut goûter pour savoir si on l'aime, mais ne pas voir ce film serait donc passer à côté de quelque chose de réellement différent des productions actuelles. Et même si son fort parti pris artistique venait à ne pas vous plaire, on doute que son très fort lyrisme vous laisse insensible.