Rush Hour
Réalisé par Brett Ratner. Avec Jackie Chan et Chris Tucker. (1998)
Rush Hour est une succession de scènes
d'action pleines de cascades, et de blagues pas toujours drôles. Si
le scénario n'a déjà rien d’exceptionnel, on trouve
difficilement des éléments capables de compenser l'inefficacité de
ce dernier. On assiste à un mélange entre la recette des films
policiers américains les plus classiques, et celle des films d'art
martiaux Chinois.
Les deux personnages principaux n'ont
rien d'original, entre le policer black incontrôlable mais
sympathique (déjà vu mille fois), et son conjoint chinois, lui
beaucoup plus calme et réfléchis, on a une forte impression de déjà
vu.
Les personnages secondaires ne sont pas
mieux pensés : Les gars du FBI con comme des pieds, qui
refusent évidement de faire confiance aux deux héros et se
permettent même de les empêcher d'agir (de stupides faire-valoir) ,
les méchants qui sont juste... des méchants, et les collègues de
notre ami James Carter qui semble presque être payés uniquement
pour se moquer de lui à longueur de journées. Des protagonistes
vides qui se résument donc en une seule ligne, et qui se place tout
juste derrière ceux de Louis la brocante dans le classement des
personnalités fictives les plus inventives.
La mise en scène est elle aussi bien
classique. Brett Ratner semble avoir la technique, mais pas le style.
L'absence de personnalité dans sa réalisation vient participer à
la forte impression de déjà vu que nous donne Rush Hour. On alterne
courses poursuites pleine de cascades, et combats plein de cascades,
avec peu de temps pour vraiment pouvoir respirer. Si les acrobaties
très impressionnantes de Jackie Chan peuvent sûrement ravir les
amateurs, leur très forte présence tout le long du film les
banalise et en font rapidement quelque chose de profondément
ennuyant. Elle peuvent tout de même constituer un agréable fond
sonores durant vos plus folles partis de scrabble.
Rush Hour a aussi quelques qualités,
mais elles sont insuffisantes pour compenser l'ensemble de ses
défauts. La bande son est par exemple un succès puisque elle
correspond parfaitement à l'ambiance du film. On a des titres de
qualités, avec les Beach boys et Edwin Starr, en passant par Jay-z,
Michael Jackson, et James Brown. Les décores viennent servir une
ambiance multiculturelle très réussie, avec du très beau travail
sur certains lieux. Et enfin, certaines blagues que nous donne le duo
de héros antagonistes peuvent tout de même faire sourire, notamment
grâce à un jeu d'acteur bon dans l'ensemble.
Rush Hour fait donc partie de ce genre
de film qu'il ne faut regarder qu'avec un accompagnement d'activités
conséquent, pour ne pas remarquer la fadeur du scénario et la
répétitivité des situations, en se concentrant ainsi sur ses
quelques qualités.
Poulet aux prunes
Réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. Avec Mathieu Amalric (2011)
Poulet aux prunes est un petit ovni, un
film d'un genre unique. Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
réussissent une adaptation très réussite de la BD du même nom
(elle même de Marjane Satrapi, récompensée au festival d’Angoulême
en 2005). Ce long métrage est d'une beauté rare,
très touchant, parfois triste, parfois
drôle.
Sa narration est construite comme un
puzzle au quel des pièces s'ajoutent progressivement. On comprend en
même temps que l'histoire avance, de plus en plus d'éléments, et
notre vision des personnages évolue sans cesse. Le fait que l'on
apprenne tant d'éléments sur la vie de Nasser-Ali, brillamment
interprété par Mathieu Amalric, lui donne une très grande
complexité. Les seconds rôles sont eux aussi très bien pensés,
très bien joués, et ils nous apportent tous leur part d'émotions.
Visuellement, le film se situe entre le
cinéma et la bande dessiné. La présence de passages animées, et
de manière plus générale la direction artistique du titre avec ses
décors et ses costumes, nous apprennent à voyager d'une manière
très différente de ce dont on a l'habitude. Les musiques, avec de
très beaux airs de violon, et les interventions d'une voix off ne
viennent que renforcer ce voyage aux airs de contes.
Mais la recette du poulet aux prunes
n'est pas sans défauts : avec sa très grande variété de
style graphiques, il est également très indigeste. Il faut goûter
pour savoir si on l'aime, mais ne pas voir ce film serait donc passer à
côté de quelque chose de réellement différent des productions
actuelles. Et même si son fort parti pris artistique venait à ne pas
vous plaire, on doute que son très fort lyrisme vous laisse
insensible.